Huîtres, crêpes, saucisses, glaces, fruits : un menu complet… et de plus en plus local. C’est du moins la volonté des festivals qui essaient de privilégier les circuits courts. Une philosophie vertueuse qui se heurte parfois à la réalité du terrain.
Demandez le menu ! Aux Vieilles Charrues, le stand des glaces Jampi, fabriquées à Bohars dans le Finistère, côtoie les galettes-saucisses costarmoricaines de Brons. Chausse Tes Tongs à Trévou-Tréguignec s’approvisionne en bière chez Philomenn, la grande brasserie du coin. Sa plus grosse commande de l’année. Lors de la dernière édition du festival, 6 000 litres ont été liquidés par les 6 000 festivaliers. En pays d’Iroise à Lampaul-Plouarzel, Les Petites Folies mettent à leur carte des saucisses de Molène ainsi que des fruits et légumes de Bourg-Blanc (à une vingtaine de kilomètres). Près des yeux, près du ventre.
Le circuit court, la méthode de l’escargot : on lui prête plusieurs noms. En fait, l’idée est de revenir à une production proche des consommateurs. Au festival Visions dans le Finistère, le maraîcher se trouve à un kilomètre, le second à trente. « On fait vraiment travailler qui on peut, explique Laure Marzin, responsable alimentaire de l’événement qui travaille avec 70% de produits frais issus du département. Nos patates viennent de Plougonvelin, notre pain tout frais du boulanger du bourg, un copain éleveur de cochons nous fournit le lard. » Depuis l’année dernière, entre les balances des concerts, les festivaliers sont invités à une dégustation d’huîtres des Abers.
Faire le choix du circuit court nécessite cependant un brin d’anticipation. « Ça met plus de temps à préparer mais ça vaut le coût de se casser la tête », admet Laure Marzin, convaincue que « bon repas » rime avec « bon accueil ». Marion Bourgeon, co-créatrice du festival Les Petites Folies est sur la même longueur d’ondes. En 2015, elle milite pour un rapprochement des producteurs locaux avec les festivaliers. C’est ainsi qu’au réveil du camping, une centaine de festivaliers ont savouré un petit-déjeuner cueilli dans les exploitations du GAB 29 (groupement des agriculteurs bio du Finistère) : fromage blanc, beurre, confiture, céréales et pain.
Comme à la maison
De la kermesse qu’était les Vieilles Charrues il y a 25 ans au festival qui accueille aujourd’hui 250 000 festivaliers, rien n’a changé ou presque. En poste depuis 2004 à la logistique alimentaire du festival, Morgane Thual l’affirme : « Les organisateurs ont toujours revendiqué le goût du territoire. Ça fait partie du cahier des charges. » Sensible au développement du territoire, elle reconduit à chaque édition un partenariat avec les agriculteurs du Poher depuis quinze ans : distribution gratuite de lait sur le camping pour réveils difficiles. « C’est possible seulement parce qu’ils acceptent de donner leur surplus de production. Les agriculteurs produisent chaque jour à perte et c’est une manière de discuter avec les festivaliers du contexte actuel. »