Un paysage en constance évolution : si chaque année des événements naissent, d’autres meurent. Une démographie, sujette aux décisions politiques, difficile à anticiper. Aujourd’hui, qui peut dire à quoi ressembleront les festivals dans dix ans ? Et dans les campagnes ? Réponses avec Arnaud Brennetot, sociologue en géographie et maître de conférence à l’Université de Rouen qui a bossé sur la question.
Le festival comme alternative
« Il existe deux types de ruralité : le rural profond et le rural périurbain. En Bretagne, on ne peut pas dire que les festivals sont dans le rural profond car il y a toujours une ville de grande taille ou de taille moyenne à proximité, ou encore le littoral qui est une zone touristique.
De plus, pour les communes, le festival représente une alternative. Cet événement ponctuel dans une année renvoie une image extérieure positive en plus d’être un élément fédérateur pour la ville. On peut voir cela avec les équipes de bénévoles. Cela ne fait que renforcer le sentiment d’identification de la population envers son territoire. Le festival crée du vivre ensemble. Puis parfois ça va encore plus loin. C’était totalement inespéré pour Carhaix d’être connue par toute la population française. »
L’intercommunalité de plus en plus présente
«Dans les années 70/80, ce qui était déterminant dans l’organisation d’un festival, c’était qu’il fallait un porteur de projet qui, de part son réseau personnel, impulse une dynamique. Les élus locaux ou l’intercommunalité n’étaient pas indispensables. Or aujourd’hui, et ce sera peut-être encore plus vrai dans les années à venir, l’organisation d’un festival ne peut se faire sans l’accord ou l’aide des élus. L’événement rentre dans un projet plus global de marketing territorial qui oeuvre pour le développement de la commune. »
Quelles solutions alors ?
«Selon moi, c’est l’homme qui sauvera les festivals. Face aux restrictions budgétaires, on peut imaginer que l’envie de faire la fête sera plus forte et que c’est la solidarité et la multiplication des compétences de chacun qui fera qu’un festival continuera d’être programmé. Autre forme de solidarité, celle d’allier les communes en faisant un festival multi-situé, la synergie des villes pour réduire les charges, et les associer autour d’un projet sera fédérateur. Mais un festival n’est possible que si le projet est intégré à une stratégie politique donc il faut une impulsion des pouvoirs publics. »